Après une année difficile, où va le marché du lait bio ?


Maddalena MORETTI

10 février 2025

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Après plusieurs mois de recul, la collecte de lait bio semble enfin se stabiliser. Pourtant, la tendance annuelle reste préoccupante avec une baisse significative de la production et une demande toujours en berne. Quel avenir pour les éleveurs ?

En novembre 2024, la collecte de lait bio en France a légèrement progressé de 0,1 % par rapport à l’année précédente. Toutefois, ce chiffre masque une baisse globale de 4,1 % sur les 11 premiers mois de l’année. Deux facteurs majeurs expliquent cela :

  • Moins d’éleveurs livrent du lait bio : depuis son pic en juin 2022 avec plus de 4 300 producteurs, le nombre de livreurs de lait bio est tombé à moins de 3 900 en novembre 2024 (-10 %).
  • Un climat défavorable : un printemps trop pluvieux a impacté la production, bien que les conditions de pâturage en fin d’année aient permis un léger rattrapage.

Certaines régions s’en sortent mieux que d’autres. La Normandie affiche une collecte stable, tandis que les Pays de la Loire (-4,2 %), la Bretagne (-1,3 %) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (-7,6 %) enregistrent des baisses marquées. Les régions de l’Est, frappées par la FCO, voient leur collecte chuter de plus de 8 %.

En novembre 2024, le prix moyen du lait bio (518 €/1 000 l) est quasi stable par rapport à 2023 (+3 €). Sur l’ensemble de l’année, l’évolution suit la même trajectoire qu’en 2023. Toutefois, une légère hausse pourrait intervenir en 2025, selon certaines laiteries.

Fait marquant : l’écart entre le prix du lait bio et du lait conventionnel continue de se réduire. Alors qu’il atteignait 130 €/1 000 l il y a quelques années, il se limite aujourd’hui à environ 50 €. Cette tendance pourrait freiner de nouvelles conversions vers l’Agriculture Biologique.

Depuis 2021, les ventes de produits laitiers bio en magasins généralistes sont en baisse. En 2024, la tendance s’atténue (-5,7 % contre -10 % les années précédentes). La crème (-10 %) et les fromages (-8 %) restent les produits les plus impactés.

Les écarts de prix entre bio et conventionnel persistent :

  • Beurre : +10 %
  • Lait liquide et ultra-frais : +15 à 20 %
  • Crème et fromages : jusqu’à +45 %

Si la consommation en magasins spécialisés bio montre des signes de reprise, l’évolution reste incertaine en grande distribution.

Alors que la demande pourrait repartir en France et en Europe, l’offre de lait bio continue de diminuer. La baisse des conversions et les arrêts de certification pourraient entraîner un manque de lait bio dans les années à venir. De plus, la conjoncture plus favorable en élevage conventionnel pourrait freiner le développement de la production en bio.

Maddalena MORETTI

Référent Chef Produit Fourrages et Agriculture Biologique