Avec l’évolution du climat, la pousse de l’herbe se modifie : moins d’herbe en été, mais davantage en automne et en hiver. Face à ces changements, les éleveurs doivent repenser leurs stratégies de gestion des prairies pour garantir l’autonomie alimentaire de leur troupeau. Le pâturage hivernal est une option intéressante, mais suscite encore de nombreuses interrogations : quelle pousse de l’herbe en hiver ? Quel impact sur la prairie ?
Des essais menés à la station de Trévarez sur des génisses laitières et des vaches laitières permettent d’apporter des premiers éléments de réponse.
Un dispositif d’essai rigoureux
Deux essais ont été menés durant les hivers 2021-2022 et 2022-2023 :
- Des génisses laitières en pâturage exclusif pendant 85 à 90 jours.
- Des vaches laitières en système bio sur 12 hectares avec deux tours de pâturage.
Des mesures régulières ont été effectuées : rendement, hauteur d’herbe, valeur alimentaire et état des parcelles. Des zones non pâturées ont servi de témoins.
Quels résultats ?
- Une pousse hivernale modérée mais présente : la pousse de l’herbe a été mesurée à 8-10 kg MS/ha/jour en moyenne, confirmant que même en hiver, l’herbe continue de croître.
- Une bonne valeur alimentaire : l’herbe pâturée présente une teneur en matières azotées totales (MAT) supérieure à 20 % et une digestibilité satisfaisante, offrant un fourrage de qualité.
- Un impact limité sur la repousse printanière : les prairies pâturées redémarrent avec un léger retard (-15 kg de MS/ha/jour), rapidement comblé. Une augmentation de la présence du trèfle a même été observée.
- Peu de dégradations constatées : malgré des conditions météo contrastées (450 mm de pluie en hiver 2022-2023), peu de dégradations ont été observées, notamment grâce à l’utilisation de chemins de qualité et de temps de pâturage courts.
Ce qu’il faut retenir sur le pâturage hivernal
- C’est une stratégie d’adaptation intéressante face au changement climatique.
- Il offre une herbe de bonne qualité avec peu d’impact sur les prairies.
- Son succès repose sur une gestion adaptée : temps de pâturage limité, adaptation du chargement et infrastructures d’accès de qualité.
Ces essais ouvrent la voie à des pratiques innovantes pour maximiser l’utilisation des prairies toute l’année !
Pour consulter le compte-rendu d’essai réalisé à Trévarez dans sa version originale : https://www.farmxp.fr/resume-detudes/effet-du-paturage-hivernal-sur-les-prairies
Pascal BISSON
Consultant Nutrition en Systèmes bio et herbager