Risques accrus de Mycotoxines en maïs 2024 : analyse et conseils de l’Observatoire


Étienne DOLIGEZ

22 janvier 2025

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Maïs 2024 : la vigilance est de mise !

Les résultats obtenus (377 analyses) issus de l’observatoire multi-partenarial des mycotoxines sur l’ensilage de maïs 2024 révèlent une prévalence plus élevée sur l’ensemble des régions et des mycotoxines différentes par rapport au cru 2023.

Une année qui cumule les facteurs aggravant le risque de contamination

L’année 2024 aura été marquée par des semis tardifs sur l’ensemble des régions en France suivi d’un climat relativement frais, humide avec un manque d’ensoleillement, ce qui a engendré des récoltes tardives pour les ensilages, parfois jusqu’à mi-décembre dans certaines régions. La présence d’insectes foreurs notamment de Pyrales a été constatée sur une grande partie du territoire. L’Héliothis, autre foreur, qui se rencontre essentiellement dans le sud de la France, a pu être observé sur la façade Ouest jusqu’au sud de Nantes cette année.
Le cumul de ces facteurs de risque sur l’ensemble du cycle de végétation a dégradé l’état sanitaire des plantes en favorisant le développement du champignon Fusarium Graminearum responsable de la production des mycotoxines Déoxynivalénol (DON) et Zéaralénone (Zea).

Une contamination en Zéaralénone inédite !

Depuis le début de l’observatoire en 2018, c’est la première année où la prévalence en Zéaralénone est aussi élevée, avec plus de la moitié des élevages qui sont au-dessus du seuil à risque contre seulement un tiers habituellement. Cette mycotoxine, que l’on retrouve généralement sur un large quart Nord-Ouest, est présente de façon homogène sur l’ensemble de la France, avec une valeur médiane de 108 ppb à 88% MS contre 58 ppb à 88% MS l’année passée.
Le Déoxynivalénol (DON) est également en hausse au niveau national avec une valeur médiane à 947 ppb à 88% MS contre 818 ppb l’année dernière à même époque. On retrouve seulement un quart des élevages sous les seuils à risque. La pression est plus forte dans l’Est de la France avec une valeur médiane à 1339 ppb à 88% MS.
En revanche, pour le Nivalénol (NIV), le constat est complétement différent avec 80 % des élevages sous le seuil à risque. Seules les régions Hauts de France et Bretagne sont un peu plus impactées.
Enfin on constate qu’une majorité des échantillons analysés sont poly-contaminés. Au-delà du danger de chaque mycotoxine prise individuellement, il existe une synergie entre elles qui démultiplie le risque de toxicité lorsqu’elles sont présentes simultanément.

La prudence est nécessaire !

Une nouvelle fois la pression en mycotoxines est bien présente en 2024 sur l’ensemble des régions avec pour particularité une présence significative de Zéaralénone. Cette mycotoxine est un perturbateur endocrinien, qui mime les œstrogènes, entrainant des troubles des fonctions de reproduction des animaux. Cette dernière est plus sournoise car les symptômes ne sont pas visibles tout de suite contrairement aux DON qui peuvent impacter les performances laitières et l’immunité. Face à ce constat, il est recommandé de faire des analyses de recherche de mycotoxines, au moins sur les trois prépondérantes en maïs (Don,
Niv, Zéa) dès l’ouverture des silos ou le jour de récolte afin d’anticiper le risque. Attention, les récoltes encore plus tardives que les ensilages, maïs épis ou maïs grain humides et secs, sont des sources potentielles supplémentaires de contamination qu’il faut prendre en considération et analyser.
L’outil MycoRisk, disponible gratuitement sur le site de l’observatoire, peut ensuite vous aider à évaluer le niveau de risque de contamination pour votre troupeau et la nécessité de mettre en place ou non une stratégie de gestion de la ration pour limiter les effets néfastes des mycotoxines.

L’observatoire mycotoxines. (Communiqué de presse publié le 13/01/2025)

L’observatoire a été créé en 2018 pour suivre les contaminations. Il rassemble différents partenaires concernés par les mycotoxines : entreprises de conseil en élevage, laboratoire d’analyse, fabricants d’anti-mycotoxines, semenciers, fabricants d’aliments, firme service (https://www.observatoire-mycotoxines.com/). Ses objectifs sont de créer une cartographie annuelle des teneurs en mycotoxines et d’identifier, au travers d’éléments complémentaires sur les élevages, des facteurs de risques de leur apparition au champ, ou de leurs impacts sur les performances zootechniques.

Étienne DOLIGEZ

Directeur Technique Adjoint