Diarrhées infectieuses chez les veaux : causes, prévention et traitements efficaces


Jean-Michel CUMINET

11 décembre 2024

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Diarrhées infectieuses chez les veaux : causes, prévention et traitements efficaces

Les diarrhées infectieuses représentent 50 à 60 % des pathologies du veau durant les 4 premières semaines de vie et entraînent des pertes économiques significatives.

Les diarrhées correspondent à une augmentation du contenu en eau (> 80 %), de la fréquence d’émission et du volume des matières fécales avec dégradation plus ou moins importante de la muqueuse intestinale par les agents pathogènes occasionnant une malabsorption des nutriments.

Les plus fréquents sont :

  • Des virus : Rotavirus, Coronavirus, BVD…
  • Des bactéries : Escherichia coli (différentes souches comme F5, CS31A, F17, FY…), des salmonelles, Clostridium perfringens
  • Des parasites : Cryptosporidies (avant 3 semaines) et coccidies (après 3 semaines)

Il y a souvent une association de plusieurs agents pathogènes isolés dans un élevage. La chronologie de leur apparition est souvent celle-ci (Schéma 1).

Schéma1 – Apparition des pathogènes dans les diarrhées infectieuses

Les signes cliniques et les données épidémiologiques peuvent parfois orienter le diagnostic, mais des analyses sont indispensables ! Les agents responsables des diarrhées se propagent principalement par voie fécale-orale. Les veaux sont infectés en ingérant des aliments, de l’eau ou en léchant des surfaces contaminées par les matières fécales d’animaux infectés (leurs congénères plus âgés et les mères porteuses « à bas bruit »). Les facteurs environnementaux comme la surpopulation, un mauvais entretien des bâtiments augmentent les risques d’épidémies dans un troupeau.

  • Selles liquides et malodorantes (parfois du sang ou du mucus).
  • Déshydratation (observable par une peau moins élastique, des yeux enfoncés), perte d’électrolytes et acidose métabolique.
  • Affaiblissement, perte du réflexe de succion, difficultés à se tenir debout ou à marcher.
  • Fièvre (début) ou hypothermie (cas sévère de déshydratation).
  • Perte de poids.

Les diarrhées infectieuses génèrent une augmentation de la mortalité directe, des coûts des traitements, une augmentation de la morbidité d’autres maladies (maladies respiratoires, omphalites, arthrites), une diminution du GMQ, une augmentation de l’âge au premier vêlage (entrainant une diminution de la production durant la lactation et une carrière plus courte).

Schéma 2 – Conséquences physiologiques sur l’état général des veaux

La prise en charge des veaux malades doit être précoce et consiste en :

  • Une réhydratation et une correction des pertes en bicarbonate et électrolytes.
  • Une antibiothérapie dans les cas d’infection bactérienne suspectée ou d’un risque de surinfections bactériennes (sous avis et prescription vétérinaires).
  • Un traitement antiparasitaire spécifique si l’agresseur est un parasite (cryptosporidies et coccidioses) sous prescription vétérinaire.
  • Des ferments lactiques (probiotiques) pour restaurer la flore intestinale du veau.
  • Réchauffer le veau malade et l’isoler de ses congénères pour éviter la contagion !

90 % de la prévention réside dans des mesures zootechniques de conduite et d’hygiène.

Et les 10 % restant ? Lors de présence de certains pathogènes, la vaccination peut devenir un atout de prévention supplémentaire. Actuellement, il est possible de vacciner contre les rotavirus, les coronavirus, certains colibacilles, la cryptosporidiose et certaines salmonelles.

Schéma 3 – Moyens de lutte contre les diarrhées infectieuses des veaux

Les diarrhées infectieuses chez les veaux représentent un défi important pour les éleveurs. Grâce à une approche combinant prévention, gestion de l’hygiène et des pratiques alimentaires, et intervention médicale rapide, il est possible de réduire l’impact de ces infections.

Jean-Michel CUMINET

Vétérinaire conseil, spécialisé élevage des génisses